L'incubateur d'une vie nouvelle

Période de confinement, de déconfinement, cohorte de protocoles sanitaires, stress professionnel, inadéquation des pratiques sociales et économiques actuelles avec mes aspirations sont autant d’éléments qui ont cristallisé mes envies de trouver un lieu sécuritaire, mon domicile, où me ressourcer mais aussi pour y cacher mes interrogations concernant mon existence et celle de mes proches telles qu’elles sont actuellement.

Appelé syndrome de la cabane, ce phénomène est connu depuis le milieu du XXe siècle mais montre que nous sommes partie prenante d’un cycle à quelque niveau qu’il soit. Chacun de nous, en période d’introspection, est à même de connaître de tels épisodes. Ce qui fait de nous un être en perpétuelle évolution.

Pour ma part, gérer mon activité professionnelle en télétravail, les cours à distance de mes enfants, la vie administrative de la famille et mes pratiques de consommation ont éveillé en moi un besoin de changement radical de vie. Cela a nécessité plusieurs phases de travail sur moi-même mais aussi des périodes de doutes et d’euphorie qui m’ont permis d’aboutir à un projet de vie, comme une évidence…

Les différentes phases constitutives de mon syndrome de la cabane ont été vécues pour certaines dans la douleur car atteignant mon intégrité physique et psychique et d’autres plus agréables.

Face à l’inconnu, au stress lié au confinement et à la gestion du quotidien, demeurer chez moi a permis de calmer une certaine angoisse mais a également exacerbé un mal-être car ne pouvant plus communiquer normalement avec ou pour certains de mes proches.

Mon inconscient a alors verbalisé ce mal-être par des vertiges avec chute ainsi que des troubles de la vision et du sommeil m’amenant à une hospitalisation de quelques jours.

Cependant, cela a été pour moi une fabuleuse opportunité de rencontrer des personnes qui m’ont permis de briser le cercle infernal d’une vie remplie de routines, d’obligations et d’abnégation tout en s’oubliant et en oubliant sa personnalité réelle.

Certaines thérapies alternatives m’ont été bénéfiques, comme l’hypnose, car non seulement mon domicile était mon refuge mais cet état de conscience m’a permis de découvrir mon autre cabane, à savoir, mon moi profond.

Ce voyage intérieur m’a permis de faire la paix avec moi-même mais a aussi réveillé des envies de vivre en harmonie avec mes aspirations ainsi que mes capacités physiques, intellectuelles et sociales.

Force est de constater que mes enfants et mon mari ont été un soutien sans failles et que mes humeurs ont dû parfois les surprendre ou les déstabiliser ! En contrepartie, malgré les difficultés techniques et matérielles rencontrées liées aux cours en distanciel, mes enfants ont réussi son année scolaire pour l’un et son examen de fin d’année pour l’autre avec brio car la vie quotidienne en autarcie permettait à chacun d’avoir du temps pour interroger l’autre et se nourrir de ses expériences ou de ses connaissances, apprendre différemment et faire fi du regard des autres ! Nous avons aussi redécouvert les soirées de jeux de société, la lecture, l’ennui comme moyen de décharger ses émotions et de se construire une dimension liée à l’imagination ou aux activités manuelles.

Habitant à la campagne et dans une maison, nous avons pu produire nos légumes et quelle joie d’aller chercher de bons œufs frais auprès de nos poules ou de cueillir nos fruits pour soit les consommer frais soit les transformer en de délicieuses recettes où chacun participait ! La culture sans produits chimiques a permis de décupler les saveurs et l’alimentation de nos animaux avec certains de nos déchets a permis d’installer une économie certes en autarcie mais vertueuse pour l’environnement.

Parfois, nous avons même pu échanger certains de nos produits avec nos voisins contre d’autres comme des œufs contre de l’huile de noix ou de menus services tels que faire les courses pour un autre voisin ou de passer des commandes groupées de produits biologiques auprès de producteurs locaux pour réduire les coûts mais aussi pour soutenir l’économie locale. Nous avons remis de l’humain dans notre vie de quartier !

De plus, cela nous a surtout permis de faire des économies dans les frais de déplacements et d’habillement. Nous en avons profité pour donner des vêtements peu utilisés et avons profité des recycleries pour les livres, les jeux, etc.

Enfin, nous avons beaucoup marché dans le périmètre imparti, nous avons pu bénéficier du silence de la nature et faire de belles rencontres avec des animaux tels que le renard, le faucon crécerelle, etc. Quel bonheur de pouvoir être invité à partager harmonieusement un temps ou un espace avec la Nature ! De sentir que l’on fait partie d’un tout !

Cependant, avec le déconfinement, nous avons tous ressenti une période de doute et peur de perdre cet eldorado si précieux avec un retour brutal à une vie qui se voulait comme avant… mais que nous ne voulions plus !

Après cette période d’euphorie, j’ai connu des périodes plus noires où le doute de la marginalisation est apparu ainsi que la peur de côtoyer les collègues ou les autres personnes qui n’appliquaient pas forcément les gestes barrières et qui pouvaient me mettre en danger ainsi que les autres membres de ma famille.

Pour moi, la reprise du travail en présentiel est encore impossible car mon état de santé physique ne me le permet pas encore et je n’ai plus envie de reprendre mon activité professionnelle comme auparavant où la gestion du stress et de l’humain est prégnante, chronophage et parfois violente.

Je réfléchis donc à une autre activité me permettant de travailler en autonomie avec un temps de télétravail à domicile dans une ambiance plus sécuritaire. Une autre piste serait de travailler à temps partiel et me permettrait de développer une activité tournée vers les autres en tant qu’écrivain public tout en me permettant de m’adonner à ma passion qu’est l’écriture.

L’écriture est devenue pour moi une thérapie, notamment les écrits prospectifs ou imaginatifs.

Ils font écho à mes connaissances, à ma personnalité et à mes aspirations !

Mes enfants, quant à eux, appréhendent, après les vacances scolaires, le retour en classe et imaginent déjà une reprise mêlant le travail en présentiel et en distanciel par demi-groupe. Quant à moi, je rêve pour eux d’un tel mix avec la mise en place d’ateliers de manipulation ponctuellement auprès non plus d’enseignants mais de professionnels comme réforme d’une scolarité qui me semble arriver à bout de souffle. Dans cette nouvelle éducation, les enfants, les parents, les enseignants et les professionnels ne formeraient plus une élite mais prendraient en compte les capacités de chacun pour une société plus juste et ouverte sur la différence ! Cela motiverait plus les jeunes et permettrait de former de vrais professionnels aussi bien des manuels que des cols blancs ! Réhabilitons les métiers manuels et relocalisations nos productions industrielles et agricoles pour soutenir notre savoir-faire et nous permettre une certaine autonomie en période de pandémie notamment ! Réduisons nos consommations afin de préserver la biodiversité et notre environnement tout en luttant contre le changement climatique et les catastrophes humaines engendrées ! Offrons aux familles qui le souhaitent le choix de rester à domicile pour éduquer leurs enfants et lutter ainsi contre la délinquance !

Mon mari en ce qui le concerne travaille déjà à temps partiel et pourra ainsi développer une activité de services auprès des particuliers et notamment des personnes âgées pour réaliser leurs menus travaux d’entretien divers ou de coordination de chantier quand cela est nécessaire.

Concernant les gestes barrières, là aussi, le rôle du geste citoyen et le bon sens sont à rappeler en cette période de pandémie. Il semble irréel que la vie reprenne ses droits d’avant sauf si nos concitoyens ne retiennent rien de ces leçons d’humilité et d’humanité… mais nous courrons alors à la perte de cette humanité.

Que retenir des sacrifices des professionnels de la santé, des services à la personne, des décédés et de douleur de leurs familles sinon que l’on doit continuer à prendre soin de soi et des autres en maintenant la distance physique, le port du masque, le lavage des mains et un certain niveau de vaccination si nous souhaitons vivre de nouveau ensemble dans un monde un peu différent !

Mon syndrome de la cabane m’a permis de mûrir ces différentes idées et à incrémenter mon projet de vivre plus harmonieusement dans un environnement préservé et plus humain.

Pour cela, je n’ai pas hésité à faire un « tri » dans les relations toxiques qui pouvaient m’entourer aussi bien d’un point de vue professionnel, qu’amical ou familial : essayez, cela fait un bien fou de larguer certaines amarres ! Cela permet de découvrir les vraies personnalités mais également de se recentrer afin de donner du temps aux personnes et aux priorités !

Cela m’a également permis de faire un grand rangement dans ma maison et de garder le nécessaire à notre vie de famille (vêtements, bibelots, mobiliers, etc.) !

Ce grand ménage s’est aussi appliqué à mes sentiments face à la vie et à la mort et a abouti à la réalisation de documents administratifs et notariés réglant ma disparition et le futur de mes enfants afin de leur offrir l’opportunité de choisir leur vie. Il s’agit aussi d’un héritage immatériel de transmission de valeur et d’ouverture d’esprit.

À partir de là, tout est apparu clair, ce que je pressentais depuis plusieurs années s’imposait alors à moi, à savoir trouver une activité professionnelle compatible avec mes souhaits de vie proche de la nature et humainement responsable tout en me laissant du temps pour mes enfants et mon mari.

Pour cela, je devais, quitte à perdre des revenus, garder un emploi à temps partiel pour assumer les besoins du quotidien et trouver une activité complémentaire rémunératrice pour aider les autres mais aussi m’aider à évoluer dans la vie. Pour cela, mes compétences en écriture, en prospective et en communication m’ont permis d’avancer dans mon cheminement.

J’avoue également que ce compromis m’offrait l’opportunité de prolonger et de préserver mon syndrome de la cabane !

Cependant, il ne faut pas croire que cela était synonyme d’enfermement social et culturel pour notre famille, au contraire cela nous offrait des possibles divers et variés via les outils des nouvelles télécommunications, la débrouille et l’entraide. J’ai la sensation de vivre pleinement et de faire partie d’un groupe de personnes conscientes de ces changements dans la société grâce à des frémissements dans le comportement de certains de nos compatriotes et d’anonymes à l’autre bout de la Terre ! Nous sommes donc acteurs de notre changement tout en préservant nos qualités intrinsèques et notre environnement.

Le paraître n’a donc plus lieu de citer, l’être nous permet de nous épanouir en nous offrant une expérience plurielle inédite et de vivre l’instant présent.

Je l’affirme haut et fort, oui, pour moi, le syndrome de la cabane a été bénéfique et m’a sauvé de moi-même et de pathologies destructrices.

Il a aussi préservé notre cellule familiale du désamour et de la violence de certaines situations.

Ce changement a parfois été difficile à mettre en place et a également était synonyme de peur des autres et de soi-même mais aussi d’incertitudes quant à mon avenir et à celui de ma famille.

Cependant, il m’a réappris à être moi-même en toute circonstance et de trouver la force de changer pour les miens et l’évolution de notre vie sur Terre.

À la question, souhaitez-vous sortir de ce syndrome de la cabane ? Je réponds NON car je me sens maintenant plus en sécurité et sûre de mes choix de vie aussi bien dans mon projet professionnel que dans celui de mon quotidien familial tout en étant plus à l’écoute de mon corps, de mon cœur et des besoins de mes enfants !

Parfois, quand des déviances viennent me taquiner, je retourne dans ma cabane intérieure afin de me ressourcer et repartir du bon pied.

Je souhaite à chacun de trouver sa cabane, quelle qu’elle soit et où qu’elle soit, de prendre le temps et le courage de la découvrir, d’en tirer des enseignements de vie et de les partager avec notre famille ou nos amis de cœur !

Enfin, j’espère sincèrement que cette pandémie aura fait prendre conscience au plus grand nombre qu’elle peut également être l’opportunité de grands changements et être un incubateur d’une vie nouvelle…

FIN

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Novice dans l’art de la nouvelle, ces lignes sont issues d’expériences humaine et imaginaire découlant du temps du confinement et font écho à mes projets professionnel et personnel actuels.