Elyptus

À l’attention des personnes du monde entier, puisse ce récit vous être utile.

Mes yeux s’ouvrent peu à peu au bruit agréable et doux de ma musique du moment, et je reste allongée quelques secondes, le temps qu’ils s’habituent à la luminosité déjà vive de ce mois de juin. Le soleil caresse ma peau, une douce chaleur se propage dans mes muscles, me donnant envie de me lever de mon lit. C’est ainsi que commence la journée pour moi, Clara Stephen, ex-parisienne et londonienne de 32 ans, venue s’installer à présent à Elyptus, une des cinq cités internationales. Autrefois, je ne pouvais qu’effleurer en songe l’idée d’un lever de lit si paisible, lorsque faisant mes débuts dans le commerce et les affaires, mes oreilles devaient être agressées quotidiennement à cinq heures du matin. Je me dirige prestement vers la cuisine et passe en revue les dernières infos et actualités du moment en préparant mon petit déjeuner. J’active mon smartphone datant des années 2020 et le connecte au projecteur 3D. L’écran s’affiche en grand, et permet de régler les paramètres ainsi que de répondre à mes messages, en appuyant sur les touches factices de l’affichage holographique. Un message de Mai Lan. Une nouvelle tornade en Amérique du Nord.

Je ne m’étais jamais posée la question de ce qui était essentiel pour moi. Je n’avais jamais eu besoin de me la poser. À présent, entendre la brise dans les feuilles et le chant des oiseaux chaque matin me semble indispensable. C’est comme un grand verre de sérénité, loin du chaos mondial. Comme vous le savez probablement, la création des cités internationales est un projet international, même si majoritairement européen, visant à expérimenter un nouveau mode de fonctionnement économique et sociétal. Elles ont été bâties durant ces dix dernières années, par des architectes, maçons, entrepreneurs et paysagistes du monde entier. Mais je ne publie pas ce témoignage aujourd’hui pour faire quelque publicité à l’Union Européenne ou aux autres grandes institutions ou associations, qui selon l’avis de beaucoup ont, en créant ces cités, voulu se racheter de leur inaction et ferment ainsi les yeux sur ce qui se passe ailleurs dans le monde. Je n’ai pas d’opinion à proprement parler là-dessus, chacun est libre de penser ce qu’il veut, mon but n’est pas de vous faire changer d’avis. Je veux juste partager au monde entier ce qui se passe ici, et à quel point je crois en ce que nous sommes en train d’accomplir.

Elyptus est un bol de fraîcheur. J’ai toujours vécu en ville, aussi loin que je m’en souvienne. Le béton grisâtre et fade de la ville, les odeurs nauséabondes, le bruit des voitures, le pavé dur sous les pieds, on peut dire que tout ça faisait partie de mon quotidien. Mais j’aimais ça. C’était mon territoire, je connaissais par cœur Paris, puis Londres quand je m’y suis installée. Il faut dire que j’ai toujours été ambitieuse, chaque nouvelle ville dans laquelle je m’installais était l’objet d’une conquête, d’une exploration, jusqu’à avoir mémorisé chaque détour de la ville. Quand je suis arrivée à Elyptus, tout me paraissait plus beau. La végétation est partout, recouvre la moindre plate-bande, aussi bien au sol, que sur les immeubles et bâtiments. C’est un nouveau concept de ville, un écosystème à lui tout seul, chaque espèce fonctionnant en coopération avec une autre. L’humain qui retrouve sa place dans la nature.

Ainsi, c’est en pleine forêt que je prends mon petit déjeuner, une tisane locale accompagnée de savoureuses tartines de confitures. C’est mon moment du matin à moi, celui que je ne prenais jamais le temps de m’accorder avant. Un tel luxe en matière de déjeuner n’a pas toujours été possible. C’est mon amie et voisine Mai Lan, une réfugiée vietnamienne venue s’installer ici avec sa famille après une tornade en 2042, qui a proposé la plantation de tisanes et thés locaux, nous avouant que le parfum de ses terres locales lui manquait un peu. Ce fut une grande expédition de plantation puis récolte de tisanes et thés pouvant s’adapter à la région, et cela nous a permis de diversifier un peu notre boisson, qui se limitait jusque-là aux jus de fruits, ou au lait approvisionné d’extra-muros chaque semaine. La sélection de notre nourriture est beaucoup plus réglementée. Notre but est d’être autonome, aussi bien énergiquement que nutritionnellement parlant. La nourriture venant d’extra-muros est donc assez rare, et les articles disponibles par personne limités. Avoir du lait frais chaque matin n’était par conséquent pas vraiment une priorité, ce qui était compliqué à mon arrivée ici, bonne consommatrice de chocolat chaud que j’ai été. Nous envisageons d’installer un pâturage de vaches laitières l’an prochain, l’apport nutritionnel des produits laitiers étant quand même assez important.

Ce matin, Mai Lan et moi devons aller récolter les premiers fruits rouges de l’été ainsi que des tomates sur le toit de notre immeuble et des immeubles voisins. C’est notre tâche de nous occuper des potagers du quartier, une passion commune qui nous avait rapprochées Mai Lan et moi, vietnamienne cinquantenaire avec trois enfants à charge, et moi, jeune citadine dans la trentaine, venue explorer une nouvelle vie. La communication n’a pas toujours été facile entre nous. Elle ne parlait pas anglais au début, comme la majorité des réfugiés internationaux venus s’installer à Elyptus. C’est aussi une grande partie du projet. Donner un toit et une terre, à ceux détruits par nos activités industrielles et par le réchauffement de la planète. Cela favorise également la mixité et des personnes de tous horizons peuvent se rencontrer et échanger. Au début, avec Mai Lan, on ne se parlait pas. On se saluait vaguement quand on se croisait, des sourires gênés échangés, chacun s’empressant de s’enfermer de nouveau derrière sa porte. Ce sont ses enfants qui nous permirent d’établir un premier contact. Trois bouilles dévorées par de larges sourires, venant me demander de pouvoir jouer sur mon balcon. Essayant de se faire comprendre par des gestes et quelques mots d’anglais, ils m’expliquèrent que mon balcon était bien plus grand que le leur, ce qui était bien plus pratique pour s’amuser. Ils se sont pris une sacrée dérouillée quand leur mère était rentrée et s’était aperçue de leur absence. Même après lui avoir assuré que ça ne faisait rien, que c’était un plaisir, elle m’avait apporté des tomates pour s’excuser. Ce fut le début de nos échanges, moi ignorant complètement qu’il y avait un potager sur le toit de l’immeuble, d’où venait les lesdites tomates. À cette époque, je m’occupai des achats et du stock extra-muros, plus nombreux à l’époque qu’aujourd’hui, financé par la caisse commune de la cité renflouée tous les ans par nos ventes de produits locaux à l’extérieur, et par des dons. J’établissais ensuite à l’aide d’autres personnes, un quota de produits d’extra-muros disponible par habitant et par semaine. Ce quota ne cesse de se réduire au fil des ans, tout étant de plus en plus accessible sur place.

Il y a une différence essentielle entre le fonctionnement du monde actuel en général, et celui de nos cités internationales. Il n’y a pas d’argent à Elyptus. Ni publicité, ni offre et demande. Cela m’a grandement perturbée au début, je craignais une sorte d’anarchie, et pouvoir garder main mise sur ce qui touchait encore à de l’argent me rassurait. Il faut dire aussi que j’étais étudiante, puis salariée dans le commerce. L’argent c’était ce à quoi je passais mes journées. Mais j’ai réalisé que dans une société capitaliste fonctionnant sur la croissance, l’excès était de mise. Et le moyen le plus efficace pour le réduire au maximum était de casser le système dans ses fondements, jusqu’à ne plus utiliser aucune monnaie conventionnelle. Ça peut sembler incroyable je sais. Mais ça marche. Tout est basé sur la solidarité, et quelques règles simples à respecter. Tout le monde bénéficie d’un logement et d’un accès à la nourriture en échange d’au moins une action qui aide au fonctionnement de la ville. Un minimum de 6 heures de travail par jour pour la ville, dans une ou plusieurs tâches au choix, et en échange, des légumes, produits frais, féculents… en quantité suffisante, ainsi qu’un quota d’autres articles intra-muros ou extra-muros par semaine. Une économie simplifiée, basée sur des quotas minimums et une confiance en chacun. Personne ne daigne ne rien faire du tout, mais de toute façon les règles sont strictes, et chaque personne ne respectant pas ces règles peut se voir potentiellement expulsée de la cité.

Tout est-il que notre tâche de l’été et d’une bonne partie de l’année Mai Lan et moi, est de récolter et entretenir les potagers voisins. Nous apportons ensuite les fruits et les légumes au marché de la place centrale du quartier, où ils sont en libre-service pour les habitants. J’aime beaucoup cette tâche. Le contact de la terre m’apaise. Tout est source de calme ici. Planter les graines, suivre leur développement, leur floraison pour enfin les récolter et savourer leur goût. J’ai l’impression de cultiver la vie. C’est aussi une excellente occasion de discuter avec Mai Lan et d’autres voisins, et d’apprendre sur nos anciennes vies respectives. Les mains dans l’humus, la rosée du matin rafraîchissant l’air, ou la douceur de l’été frappant à la porte dès huit heures du matin, je suis toujours fascinée d’être témoin de tant d’expériences et d’existences différentes, d’apprendre autant de chacun. Je repars à chaque fin de matinée, la tête pleine d’idées nouvelles, de récits de vie, de discussions qui résonnent en moi et qui donnent plus de profondeur à beaucoup de choses. Souvent, l’après-midi, je m’occupe ensuite d’une autre tâche, qui varie en fonction du mois et de mes envies, en ce moment s’agissant de l’organisation et la création de groupe de paroles.

Au cours de mes deux ans ici, j’ai rapidement remarqué que la discussion était indispensable. Dans une cité de 20 000 habitants venant d’horizons différents, comment s’en sortir sinon ? Hélas, surtout au démarrage, des tensions apparaissaient dans certains quartiers, certaines coutumes ne plaisant pas à d’autres, commérages échangés sur quelques stéréotypes. Personne n’est parfait, et chacun possède ses failles, ses conceptions du monde et de la vie en société. La discussion ne règle pas tout, évidemment. Mais elle permet déjà de casser quelques barrières entre les individus, et de commencer à pouvoir faire prévaloir le respect. Connaître l’histoire et les raisons de chacun aide à surmonter les obstacles, et à se rappeler que nous sommes tous humains. Notre but d’organisateur est aussi d’intégrer au fonctionnement de la ville des individus isolés. C’était le cas de Mai Lan au début, et d’un bon nombre de réfugiés, freinés par la barrière de la langue. C’est notre rôle de les aider à communiquer avec les autres, et de pouvoir partager leurs histoires, leurs souhaits, pour qu’ils ne restent pas des automates muets se mouvant dans la ville.

Des automates. Avant, alternant périodes d’épanouissement et de découragement, j’étais parfois emportée par un flot incessant de doutes et de remises en question, et d’une profonde impression d’impuissance. Je luttais alors pour ne pas couler sous l’inarrêtable routine qui était la mienne, que j’avais choisie, qui étouffait mes émotions et mes projets, et qui semblait soudain n’avoir jamais eu aucun sens. Dans l’immensité bourdonnante de la ville, il me semblait parfois alors que l’ensemble formait un mécanisme géant, reliant les personnes à leur travail comme des automates, contrôlés par quelques fils de peur ou de nécessité. J’ai compris avec le temps que ce qui manquait à toutes ces personnes était le pouvoir. Le pouvoir de choisir. Le pouvoir d’arrêter. Le pouvoir de changer de direction.

Le pouvoir vient avec la parole, et trouve donc son origine dans les groupes de discussion. C’est comme ça aussi que les décisions et avis peuvent remonter au conseil de la cité, élu et renouvelé en partie tous les ans, et que les paroles de chacun ont un impact. Afin que personne ne subisse le prix d’un silence forcé.

C’est au moment où mon malaise était le plus grand, celui où j’ai failli sombrer pour de bon que j’ai rencontré Martin. Martin est un visionnaire. C’est par son intermédiaire que j’ai eu la connaissance de ce projet, et c’est aussi celui qui m’a soutenu à un des moments les plus difficiles de ma vie. Il a participé activement à la mise en place de ces nouvelles cités, cherchant toujours depuis son enfance des solutions viables pour améliorer le monde dans lequel on vit. Il est une des seules personnes que je connaisse à ne pas vivre dans un certain déni, qui nous protège de la vague accablante qui peut parfois nous faire sentir de toutes nos forces à quel point le monde peut être à chier. Son moyen à lui de ne pas couler, est d’essayer de changer les choses. De se battre sans cesse, même quand cela semble inutile ou vain. Il y déploie toute son énergie, toute la force de son âme, et j’ai parfois l’impression que son combat va finir par le dévorer tout cru. Nous nous sommes installés ensemble en 2048, au tout début de la mise en place du projet. Nous sommes restés un an ensemble. Un an de pur bonheur.

Un jour, il m’a dit qu’il devait partir. Qu’il ne pouvait pas rester là, maintenant que tout fonctionnait bien ici, sachant ce qu’il se passait dehors. Il m’a dit qu’il avait l’impression d’étouffer, de ne plus être à la surface. Je n’ai pas compris tout de suite. Je ne comprenais pas ce qui lui manquait. Pour moi c’était ici la surface, c’était nous, c’était cette ville. Aujourd’hui, je lui ai pardonné. C’est sa malédiction, tant que tout ne sera pas comme ça pourrait être, comme ça devrait être, Martin ne pourra jamais se reposer. Le monde a de la chance t’avoir.

Et puis, d’autres personnes partent comme Martin. Que ça soit pour raison personnelle, ou quelque chose de plus profond, au fond ça m’est égal. Nous savons que tout le monde ne sera jamais d’accord avec le mode de vie que nous menons ici. Ça serait impossible. Ce sont tout de même d’énormes sacrifices qui sont imposés, un certain retour en arrière, une restriction conséquente de nos possibilités. C’est peut-être la seule critique que je ferai d’Elyptus. Ces systèmes de quotas, de ressources en libre-service mais néanmoins très limitées, sont autant de nouvelles barrières dans nos libertés que celles que nous détruisons pour cette nouvelle harmonie d’égalité pour et entre chacun. Il y a un prix à payer pour qu’une cité de 20 000 habitants réussisse à devenir autonome. Par exemple au niveau des énergies. Nous cherchons à atteindre 100 % d’énergie propre, et nous y sommes presque, à l’aide des panneaux solaires déployés sur les toits de la ville, des éoliennes à la périphérie, et des nombreuses routes faites de plaques énergisantes, qui créent de l’énergie sous nos pas. Mais nos consommations n’ont plus aucun rapport avec ce qu’elles étaient d’antan. Un quota énergétique (toujours lui) est imposé également pour chaque foyer, en fonction du nombre de personnes et des besoins, et il a parfois été si sévère que ça a pu nous pousser à choisir entre un four et un ordinateur. Combien de passionnés d’informatique accepteraient de se déplacer chaque jour à une des médiathèques de la cité pour avoir accès à un ordinateur ? Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. Qui est prêt à abandonner les fast-foods amenés en drone, le pop-corn et le cinéma holographique, sa voiture, sa villa au bord de la mer, un contenu illimité de séries et de films, la simple et envoûtante possibilité d’obtenir tout à la seconde, d’avoir un champ des possibles aussi vaste que la planète elle-même, pour peu qu’on possède l’argent nécessaire ?

Mais je vais vous dire mon secret.

Je suis tombée amoureuse de cette ville, de ce concept, de ce pouvoir de savoir d’où vient tout ce je consomme et pourquoi je fais ce que je fais tous les jours. Je me sens plus utile et en paix avec moi-même que je ne l’ai jamais été dans ma vie, et j’ai le sentiment qu’Elyptus est le seul endroit qui me permette de me sentir de cette manière. Je suis aujourd’hui prête à tous les sacrifices pour ne plus être dans cette spirale mondiale d’excès et de consommation. Je ne veux plus grimper d’échelles et je suis même prête à renoncer à toi Martin pour ça. Tu étais ma bouée, et pourtant je ne t’ai pas suivi, j’ai préféré apprendre à nager. Elyptus est mon paradis, mais sache que je t’y attendrais toujours.

Le soir, avant d’aller me coucher, je m’installe souvent sur le transat qui est sur ma terrasse, et regarde le soleil disparaître en s’embrasant de lueurs orangées. Je me dis parfois que je contemple là ce qu’il y a de plus beau. J’aime sentir le passage d’un jour nouveau. J’aime le fait de savoir qu’au-dessus de moi, les étoiles s’allumeront chaque nuit, comme pour célébrer ce prodige quotidien. J’aime savoir que tout n’est plus contradiction, que tout peut être simple, et que les choses suivent leur cours. Une machine bien graissée, l’évolution des saisons, les gens qui se déplacent chaque jour en vélo électrique ou non, le mouvement calme et mêlé de leur allure, les animaux aux aguets dans les bois alentours, la rivière qui s’écoule, le cycle infini. Ne plus avoir à se poser de questions.

À un certain moment de ma vie, autour de mes 30 ans, mon échelle s’est arrêtée net. Après avoir fait plusieurs évolutions professionnelles, remporté plusieurs entretiens d’embauche, le poste que je désirais depuis le début, et qui se situait dans les hautes sphères du commerce, m’est resté inaccessible. Différentes raisons ont été évoquées, mais j’ai bien vite compris à force d’essais et d’échecs, que seule ma possible maternité était en cause. Moi qui ne voulais pas d’enfants, c’était un comble, et même après l’avoir assuré à mon supérieur, celui-ci ne m’a pas vraiment cru. J’ai compris alors que le problème dépassait ma maternité et les « pertes » que ça engendrerait pour l’entreprise, et venait du constat même que j’étais une femme. Simone de Beauvoir a dit un jour au sujet de l’homme et de la femme : « Il est le sujet, il est l’Absolu, elle est l’Autre ». Cette vision du genre de la femme perçue comme une sorte de complément à l’homme, d’antithèse, m’était toujours restée abstraite, moi qui m’étais retrouvée dans l’image d’une femme indépendante et forte, jamais stoppée par mon genre, ou la couleur de la jupe que je portais. Le fait d’avoir été bloquée soudainement par cette seule vérité, implacable inégalité, a abattu tous mes espoirs, et m’a montré le monde d’une vision d’horreur. Comme si je me baladais jusque-là avec des lunettes de soleil, ne filtrant pas les rayons UV mais les multiples facettes les plus négatives de notre monde. Les sans-abris et réfugiés à presque chaque coin de rue, les nouvelles guerres pour l’eau potable, les tornades de plus en plus fréquentes, les jeunes abandonnés des quartiers défavorisés, les aînés toujours plus tristes et mal accompagnés, les degrés qui augmentent, la planète qui pleure.

Je ne dis pas qu’ici tout est différent, nous sommes tous humains, nous venons tous d’une société probablement patriarcale, raciste dans ses gènes, et encore discriminatoire à l’extérieur. Nous subissons tous les revers de la vie, nos expériences nous forgent, en bien en mal, en ni l’un ni l’autre. La conviction que j’ai acquise ici à Elyptus, est que, malgré nos différences, nous sommes faits pour vivre et travailler ensemble. Les groupes de paroles organisés chaque semaine au sein des quartiers, des immeubles, nous aident à nous connaître un peu plus chaque jour, à nous respecter, à apprendre de l’autre et à apprendre sur soi-même. Je ne vous demande pas de déménager dans l’instant pour venir nous rejoindre. La place manquerait, et le but de ce témoignage n’est pas là. Je veux juste vous partager la vision de mon rêve insoupçonné, à présent devenu réalité. À vous maintenant d’en faire ce que vous voulez. L’urgence du monde nous attend toujours, – comme le dirait Martin – en cours de résolution, mais pas réellement résolue non plus. Une solution existe, mais les solutions sont multiples, il ne vous reste qu’à trouver la vôtre.

Bien à vous, Clara Stephen, de la cité Elyptus.

FIN

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Lycéenne qui écrit à quelques rares de ses heures perdues. Un de mes rêves est d’un jour écrire et publier un livre (dans longtemps, vers la cinquantaine qui sait ?). D’ici là, j’écris parce que j’aime écrire, et j’espère profiter et découvrir pleins de choses dans la vie.

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